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La famille

Je suis née le
22 octobre 1943 dans une délicieuse maison du seizième
arrondissement de Paris, maison où chacun aimait chacun, où
chacun avait le souci le plus haut de l'individualité (je veux
dire : de la sienne comme de celle d'autrui) et c'est là, peu
à peu, que j'ai grandi. |
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Je suis née dans
une famille très unie, j'ai eu une enfance très privilégiée
à cause de ça. On était un clan. Quatre enfants
: quatre filles. Moi, j'étais la troisième. Tous les
six, avec mes parents, on n'a jamais été riches, mais
on vivait sur nous-mêmes, on était en milieu fermé,
protégé, c'était bien. |
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Je suis née dans une famille de comédiens.
Mes parents étaient acteurs et ma grand-mère, souffleuse
à l'Odéon. |
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Dans le fond, nous avons
eu une enfance très normale. Notre père, Maurice Dorléac,
est comédien et notre mère aussi a fait du théâtre.
Pour nous, il s'agissait d'un métier comme les autres. On n'en
parlait jamais à la maison. |
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Mon père a fait
énormément de doublage, mais d'après mes souvenirs,
le métier des parents n'a pas tellement marqué notre
vie d'enfant même si à une époque mon père
jouait au théâtre presque tous les soirs, à l'époque
d' "Ouragan sur le Caine". Nous les filles, nous avions
notre monde à nous, nous n'étions pas différentes
de nos camarades d'école. Sauf qu'à la maison, il devait
y avoir plus de fantaisie que dans d'autres familles. On écoutait
de la musique, les parents chantaient, beaucoup d'amis acteurs passaient
à l'improviste. |
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Mon père était
directeur de doublage à la Paramount. Et c'est vrai qu'il nous
est arrivé souvent, Françoise plus régulièrement
que moi, de faire du doublage. C'était une manière de
gagner un peu d'argent de poche. |
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Je ne me souviens que
de bribes de mon enfance mais ce sont des souvenirs très précis.
Quand je regarde les photos, tout me revient en mémoire, je
revois alors le visage de Françoise, je revois ma mère,
je vois la couleur des vêtements. Je revois absolument tout,
et comme l'enfance fut une période très heureuse de
ma vie, c'est un grand plaisir pour moi que de me replonger dans les
albums de notre enfance. |
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Quand j'étais
enfant, j'ai été très aimée. Je n'ai jamais
eu de doutes sur le sentiment que me portaient les gens avec qui je
vivais. Je crois que c'est important. Je me sens forte sur ce plan-là. |
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J'ai eu une enfance très
normale, très gaie, j'ai le souvenir d'avoir été
très aimée, très entourée. |
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Lorsque nous étions
enfants, nous étions plutôt assez jolies dans la famille
et mon père nous admirait beaucoup. Ma mère était
une très belle femme, et quand les gens nous rencontraient,
comme ça, en groupe, ils avaient tendance en groupe, ils avaient
tendance à nous remarquer. |
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Je viens d'une famille nombreuse
et j'ai été éduquée pour vivre avec les
autres. Quand on a vécu dans une famille nombreuse, on sait
se supporter, se tolérer. |
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Quel bonheur, une enfance
comme la mienne ! Je l'ai vécue entourée de mon père,
Maurice Dorléac, comédien, ma mère (née
Deneuve), et mes trois surs. J'en garde le souvenir d'une période
où tout me fut charmant, un peu fou, souvent drôle. Imaginez
le nombre d'éclats de voix, d'instants de rire, de "grands
secrets" murmurés, lorsqu'il y a quatre filles dans une
famille. |
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Françoise était
nerveuse. Notre petite sur Sylvie, qui a 19 ans et qui vient
de passer son bac, était coléreuse. Moi, j'étais
la plus forte. |
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J'avais surtout peur
d'être différente. Je viens d'une famille où nous
étions plusieurs surs. C'était un groupe, donc
nous devions fonctionner de manière continue et complémentaire.
J'avais peur aussi de ne pas arriver à être assez raisonnable.
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Nous étions toujours
en bande. C'était plutôt cela, le fonctionnement de notre
"groupe de filles" : la bande. |
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Je n'ai jamais eu de frère.
Je crois que j'aurais aimé ça. J'aurais été
moins peureuse. Les filles restent entre filles - et ça les
fragilise. |
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Je me sens vulnérable,
fragile. J'étais une enfant souffreteuse. Jusqu'à 7
ans, maman a dû me nourrir au biberon. Les enfants se moquaient
de moi dans les squares. |
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On n'avait pas beaucoup
de copains. A cette époque, les écoles n'étaient
pas mixtes, donc on avait plutôt des copines. Les garçons
ne sont entrés dans notre univers d'enfant qu'à travers
nos cousins ou les entants d'amis de mes parents... |
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Je ne me vois pas en
train de faire ces photos-là. En revanche, je me revois parfaitement
avec cette tête-là, avec ces petites nattes, je revois
très bien mes surs à la même époque,
je revois la couleur de nos vêtements. C'est la preuve que c'est
un souvenir très fort, très vivant puisque toutes les
photos étaient en noir et blanc. |
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Je ne suis pas une passionnée de Freud,
je ne suis pas passionnée par l'inconscient. En revanche, je
crois que Freud a raison quand il dit que tout se passe pendant l'enfance.
Je sais, je suis persuadée, dans mon cas, d'avoir eu un choc,
un traumatisme quelconque dans mon éducation qui m'a donné
cette impression de culpabilité perpétuelle dont je
ne suis pas arrivée à me débarrasser. |
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Les plaisirs
de l'enfance

Quand j'étais
petite, je détestais la viande, je n'avais pas grand appétit,
et il était difficile de me faire manger. Alors on me faisait
boire du lait, qu'on mettait dans un biberon, car en plus, je ne supportais
pas l'odeur. |
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Je n'aimais pas beaucoup
jouer à la poupée, c'est vrai, par comparaison avec
mes surs qui passaient des heures avec des maisons de poupée,
des petites armoires, de la petite vaisselle. Moi, je préférais
être auprès de ma mère, la suivre, la regarder.
Comme on dit, je vivais dans ses jupes. |
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Même enfant, je
n'ai jamais aimé me déguiser. Tout ce qui est déguisement,
bals masqués et tout ça, j'ai horreur de ça.
J'ai toujours trouvé ça d'une mélancolie profonde...
C'est trop passéiste pour moi. C'est comme si on avait voulu
être quelqu'un d'autre, comme si on ne pouvait pas... |
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Quand j'étais petite, j'étais
timide, j'avais horreur des bals costumés, c'était un
drame les fêtes de fin d'année, je détestais ça.
Rien ne me déprime autant que les bals costumés, vous
ne verrez jamais une photo de moi avec un déguisement. |
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J'ai fait de la danse,
petite, mais j'ai vite arrêté parce que je suis tombée
malade. [...] Ce que j'aime dans la danse, c'est la grâce et
la beauté. C'est quelque chose qui a l'air évident,
facile, et on ne voit pas ce que ça a coûté aux
danseurs, les douleurs que cela a forcément représenté.
J'adore l'idée qu'on vous montre des choses parfaites et que
l'on croit qu'elles sont nées comme ça. J'adore la réussite
des choses, j'aime cet effort physique, ce dépassement qui
ne se sentent pas. |
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Petite, j'avais une souris.
J'adore les petits rongeurs. J'adore aussi les chats. |
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Je me souviens avoir passé
des vacances familiales très simples à la campagne,
avec mes surs, à 40 kilomètres de Paris, dans
une maison que mes parents possèdent toujours. Il n'y avait
là rien d'extraordinaire, simplement l'insouciance et la gaieté. |
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Mon goût de l'eau
vient de ma petite enfance, je pense. Mes parents avaient une toute
petite maison près de la Seine, qui était un ancien
hangar à bateaux. Nous vivions et nous amusions au bord du
fleuve. On traversait la Seine en barque, on s'y baignait. De là
vient mon besoin. |
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Je déteste l'odeur
de l'eau de Javel ! Cela me rappelle trop la piscine à l'école.
Je déteste les odeurs de boues marines, les bords de mer où
il y a trop d'algues. C'est la mer en décomposition. Je n'aime
pas les odeurs de pharmacie, l'eau de Daquin, l'éther. Mais
je ne déteste pas celle de l'essence, quand on faisait le plein
pour aller en vacances. Ni celle de la naphtaline, quand on ouvrait
les armoires à la campagne. Et j'aime celle du goudron quand
on réparait la route. On regardait le "rouleau" qui
écrasait ce truc noir comme de la lave, sur les graviers...
Et cette odeur-là se mêlait souvent à celle du
foin couché sur le bord de la route, par le cantonnier. |
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Dans le jardin, il y avait
des pivoines poivrées, si poivrées que cela me fait
penser aujourd'hui à la myrrhe. Il y avait des iris, bleu ordinaire.
Des roses, les "choux". |
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Avec mes parents, on
chantait en voiture. J'ai repris la tradition avec mes enfants. |
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Mes parents chantaient
beaucoup quand j'étais petite, je connais beaucoup de chansons
de la génération de mes parents. |
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[Je ne me souviens] pas
du premier film que j'ai vu mais du premier film que j'ai eu envie
de voir et... que je n'ai pas pu voir. C'était "Quand
la marabunta gronde". J'avais vu l'affiche. Elle me fascinait.
On voyait un type attaché qui allait être dévoré
par des fourmis... J'avais terriblement envie de le voir mais mes
parents ne m'ont pas laissée y aller parce que j'étais
trop petite. |
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Nous étions quatre
filles. Ce n'était pas évident d'emmener quatre enfants
au cinéma. J'y allais quelquefois avec mes surs, l'après-midi,
dans des cinémas de quartier. Je me souviens, il existait des
premières parties... Après, il y a eu le blanc des années
de lycée. Et c'est vers 15 ou 16 ans que j'ai commencé
à y aller beaucoup. Sur les conseils d'amis cinéphiles,
j'allais voir les classiques, comme Eisenstein, Welles... J'allais
dans des ciné-clubs, au Mac-Mahon, et puis aussi dans les cinémas
de la rive gauche, mais c'était toute une histoire, à
15 ans, quand on habitait rive droite, d'aller au cinéma rive
gauche ! C'était comme de traverser le Styx ! |
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J'ai été au cinéma
assez jeune, que j'ai eu des amis plus âgés que moi qui
étaient très cinéphiles et que mon goût
a donc été formé très tôt. C'est
vrai que ça fait partie des choses qui comptent pour moi. Ça
remonte à l'adolescence. Je me souviens quand j'ai vu "Ivan
le Terrible", je devais avoir seize ans ; aujourd'hui, ça
peut paraître banal d'avoir vu "Ivan le Terrible"
à seize ans, mais à l'époque... J'avais trouvé
ça merveilleux... |
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Très jeune, j'allais beaucoup au cinéma
voir les Eisenstein, etc. J'ai eu la chance d'avoir des amis et un
entourage qui m'ont fait découvrir un cinéma de cinéphile.
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Le cinéma ne me
faisait pas rêver. Je me souviens avoir été transportée
par des histoires, mais je n'étais pas fascinée par
le milieu et je n'ai jamais eu de héros ou d'héroïnes
de cinéma. [...] Je crois que ce n'est pas du tout mon fonctionnement
de me fabriquer des mythes de cinéma. Même avant d'en
faire, adolescente, je n'ai jamais eu de photos d'actrices ou d'acteurs
dans ma chambre... |
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J'ai un souvenir très
très fort de Sophia Loren. Je l'ai vue, quand j'étais
petite fille, dans "La fille du fleuve" en une robe mouillée
qui lui collait à la peau et j'ai été suffoquée
par cette apparition très sensuelle. Ce fut ma première
forte impression de cinéma. |
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Le caractère

J'étais rêveuse,
secrète, romantique, mélancolique... Je regardais les
grands avec des yeux ronds comme des soucoupes. Je crois surtout en
effet que je regardais et que j'écoutais beaucoup. |
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Petite fille, je ne parlais
pas, je regardais. Je rêvais, et j'observais énormément.
Ma sur parlait beaucoup, gigotait, gesticulait. Moi, j'étais
timide, je me cachais derrière elle, et je regardais autour
de moi. |
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Petite fille, j'étais
rêveuse, j'écoutais les gens énormément,
je ne parlais pas. Ma sur Françoise était très
volubile et moi muette, je me cachais derrière elle. Je n'étais
pas du genre à aimer me déguiser ou à jouer à
des jeux de société. Je me trouvais déjà
entre le rêve et l'envie de vivre. Pour combler le fossé
avec ce qui m'entourait, ce que j'en imaginais. Je me sentais aussi
timide et très craintive vis-à-vis de l'extérieur. |
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Quand j'étais petite,
j'écoutais. Je ne parlais pas. Je regardais les gens, les amis
de mes parents. J'observais. Quand on observe bien, il y a, en dehors
de la parole, tant de signes imperceptibles, de comportements, de
gestes qui trahissent des choses très intimes chez quelqu'un
et qui sont révélateurs. |
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Je ne sais pas si j'étais
tellement jolie, disons que j'étais classique, j'étais
douce. j'étais une petite fille modèle entre guillemets. |
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Enfant, j'étais
jolie, classique, timide et douce. Quand on me parlait de mon physique,
cela me gênait. J'ai appris très tôt à vivre
contre. Pas par modestie, mais parce que j'étais élevée
dans un milieu de filles. Avec une sur très nerveuse
et plutôt angoissée. Ma mère ramenait toujours
les choses à des proportions raisonnables. Pour nous, la beauté
était un cadeau. Soyons juste, il y a pire à supporter
que ce cadeau-là. |
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Quand j'étais enfant,
ça me gênait. J'étais très timide. On ne
me disait pas que j'étais belle d'ailleurs, on me disait que
j'étais jolie. Et ça me gênait. A la maison il
n'y avait que des filles, assez jolies, et ma mère n'aimait
pas trop qu'on nous parle de notre physique. |
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Moi aussi j'étais
complexée, moi aussi je ne me trouvais pas terrible avec de
trop grandes dents, trop maigre, trop brune... |
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Moi,
j'avais des complexes de maigreur. J'étais du type chat écorché.
Mettre un maillot était un calvaire. |
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Curieusement, je n'ai
jamais eu envie de ressembler à quelqu'un d'autre. Il y a beaucoup
de femmes et d'actrices que j'admire, mais je n'ai jamais voulu être
quelqu'un d'autre. Est-ce parce que j'ai eu la chance d'être
une jolie petite fille ? Je n'étais pas satisfaite pour autant,
j'étais très complexée, mais je pensais que je
devais toujours essayer de faire le mieux possible avec moi-même. |
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Au fond le fait que Françoise
se lance dans une carrière d'actrice me convenait très
bien. Je veux dire que cela ne me faisait pas d'ombre comme on pourrait
l'imaginer. Pas du tout. Adolescente je préférais regarder,
observer. Je suis moi-même étonnée de pouvoir
faire du cinéma. Parce que c'est vrai que je préfère
toujours regarder plutôt qu'être regardée. |
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Moi, je sens bien que
j'ai évolué essentiellement à travers le cinéma
mais je sais aussi que, fondamentalement, je n'ai jamais changé
depuis ma plus tendre enfance. Ce qui me plaît dans la vie,
ce qui m'attire chez les êtres, c'est ce qui me plaisait, m'attirait
lorsque j'avais dix ans, douze ans. [...] J'étais sensible
à des détails, aux voix, aux regards, au caractère
plus qu'au physique, à ce qui avait l'air secret, aux gens
insolites, complexes, plutôt réservés... |
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Quand je suis attirée
par quelque chose, alors là, vous pouvez me dire que ce n'est
pas pour moi, que ce n'est pas moi, y a rien à faire. C'est
comme un aimant. C'est comme ça d'ailleurs que je suis partie
de chez moi. [...] Une attirance extérieure irrésistible
! Je suis une femme qui ne résiste pas à l'irrésistible. |
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J'avais à peu près
16 ans lorsque j'ai commencé à travailler. Non pas que
je l'ai décidé, on l'a décidé pour moi.
On, c'est-à-dire le hasard. A partir de ce moment, j'ai ressenti
la nécessité de partir, de quitter la maison, la famille,
de vivre différemment. Ce n'était pas un acte de volonté,
ni même d'indépendance. C'était une envie irrésistible.
Je suis très instinctive. |
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Françoise
et Catherine

Lorsque nous étions
enfants, nous étions presque trop proches donc nous nous disputions
énormément. On s'engueulait, on se battait même
beaucoup Je dirais qu'on était presque comme de fausses jumelles
très complémentaires et très différentes
à la fois. Françoise s'exprimait d'une façon
très violente. Moi j'étais plutôt extrêmement
discrète et repliée sur moi-même, une enfant introvertie.
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Nous partagions la même
chambre, Françoise et moi. Nous occupions des lits superposés.
Toute la nuit, elle mangeait des pêches et elle jetait les noyaux
sur mon armoire, si bien que je me faisais gronder par maman, chaque
matin. |
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Depuis qu'on était
toutes petites, ma sur Françoise était l'exubérante
et j'étais la rêveuse. On disait que j'étais dans
la lune. En fait, j'étais très timide et je n'étais
pas du tout sure de vouloir faire du cinéma. |
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Nos rapports étaient très
complices [avec Françoise]. On était extrêmement
différentes. Je crois que je la connaissais mieux qu'elle ne
me connaissait. Elle était moins secrète que moi, elle
parlait beaucoup alors que je suis quelqu'un qui écoute beaucoup.
C'est ma nature d'écouter... |
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J'ai pu éprouver
un sentiment d'infériorité quand elle a commencé
à travailler comme mannequin. Je me souviens d'un été
où je l'avais trouvée complètement métamorphosée,
à mon retour d'Angleterre. Elle était ravissante, sophistiquée,
elle défilait chez Féraud et j'avais éprouvé
une espèce d'envie, pour ce qu'elle était devenue par
rapport à moi qui me sentais encore dans l'âge ingrat
avec mes pulls à manches courtes, mes ballerines et ma poitrine
plate. |
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Les débuts
au cinéma

Je suis devenue actrice
presque par hasard, à cause de ma sur, Françoise.
Moi, ça ne m'attirait pas du tout. Mon avenir, c'était
d'être dans la lune et pas en qualité d'astronaute. |
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J'allais au lycée
La Fontaine, c'était à côté de la maison,
je n'étais pas mauvaise. Un jour, quand j'étais en seconde,
on m'a proposé de tourner dans un film, "Les portes claquent",
avec ma sur, Françoise Dorléac. J'y suis allée.
On commence toujours comme ça à faire du cinéma,
parce que quelqu'un vous a trouvée jolie à 15 ans. Des
fois, comme pour moi, ça continue après... |
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J'allais encore à l'école quand
on m'a offert mon premier rôle de cinéma. Ma sur
Françoise avait déjà commencé sa carrière
d'actrice et, un jour, elle m'amena avec elle sur le plateau. Un metteur
en scène me remarqua et proposa à mon père de
me faire tourner. Mon premier film, "Les petits chats",
était si audacieux qu'il fut bloqué par la censure.
Je retournai à l'école pendant un an puis je reçus
une nouvelle proposition. Je tournai "Les portes claquent"
et ensuite "L'homme à femmes". |
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Dans "Les portes
claquent", il y avait une coiffeuse qui m'aimait bien. Cette
coiffeuse avait un mari coiffeur, lequel coiffait Mme de Carbuccia,
laquelle préparait un film avec Mel Ferrer. De fil en aiguille,
Mel Ferrer a fini par entendre parler de moi. Il m'a convoquée
et, parce que je portais encore les cheveux bruns et courts, il a
trouvé que je ressemblais à sa femme, Audrey Hepburn,
et il m'a engagée pour tourner "L'homme à femmes".
Ma carrière a donc tenu à plusieurs cheveux. Et c'est
après m'avoir vue dans "L'homme à femmes"
que Jacques Demy m'a demandé de tourner "Les parapluies
de Cherbourg". |
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Etant encore au Iycée,
j'avais fait un petit rôle dans un film, qui n'avait rien changé
à ma vie et je n'y pensais plus du tout lorsqu'un jour, Françoise
m'a dit : "Tu sais. ce serait amusant que tu fasses des essais.
Je dois tourner cet été un film qui s'appelle "Les
portes claquent" et le réalisateur, Jacques Poitrenaud,
cherche une jeune fille pour jouer ma sur. Tu devrais y aller..."
Mes parents étaient d'accord. Mon père de toute façon,
était toujours d'accord. Ma mère était un peu
plus réticente mais elle s'est inclinée devant le désir
de mon père. J'ai fait des essais, et j'ai été
choisie. |
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Ce n'était pas
une carrière pour moi. Pas une seconde ! L'ambiance du tournage
m'amusait, le travail du réalisateur m'intéressait,
mais ça n'allait pas plus loin ! Le cinéma me paraissait
très éloigné de ma nature profonde et mes préoccupations
étaient beaucoup plus secrètes, beaucoup plus romanesques.
Je n'avais absolument pas d'ambition professionnelle. Je n'avais aucune
envie de faire une carrière dans aucun domaine que ce soit.
Je ne raisonnais pas en ces termes. Les seules choses qui m'intéressaient,
c'était la vie, l'amour, mes amis. |
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A l'âge où
j'ai commencé à faire du cinéma, on m'a certainement
choisie selon des critères de photogénie. Mais après,
ça ne suffit pas. Il faut autre chose et je ne sais pas ce
que c'est. Plus j'avance et plus c'est mystérieux. |
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J'avais commencé
avec ma sur par hasard. J'étais très timide et
le cinéma... S'exposer ne me paraissait pas compatible avec
ma nature profonde. Mais il devait y avoir quelque chose en moi qui
avait envie de montrer ou de se montrer, parce que ce n'était
pas une souffrance de se montrer, même si ça l'est devenu
par la suite. |
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Catherine Fabienne Dorléac est née
à Paris le 22 octobre 1943 à 13h35 (elle est Balance ascendant
Capricorne), dans une famille de comédiens.
Son enfance parisienne dans le 16ème
arrondissement est heureuse auprès de ses parents et de ses trois
surs, Danielle, Françoise et Sylvie.






En 1952, sa sur cadette Sylvie Dorléac
apparaît dans le film de Claude Autant-Lara "Le blé
en herbe".
En 1956, Catherine apparaît pour la première
fois au cinéma avec sa sur Sylvie, dans le film d'André
Hunebelle
"Les collégiennes".



En 1957, Françoise Dorléac
est l'interprète principale d'un court-métrage de Pierre
Granier-Deferre "Mensonges".
En 1958, Catherine
fait de la post-synchronisation de films avec son père,
devenu directeur artistique des doublages en français des films
Paramount. Elle double avec Françoise des épisodes de
"Heidi".



En 1959, Catherine interprète
un petit rôle, avec sa sur Sylvie, dans
"Les petits chats" de Jacques Villa. Pour ce film, Catherine
change son nom de Dorléac en Deneuve (nom de jeune fille de sa
mère).

A 16 ans, Catherine quitte le foyer familial.

En 1960, Catherine et Françoise
jouent ensemble dans le film "Les
portes claquent". Réticente, Catherine se laisse convaincre
par son père qui lui fait miroiter la perspective d'un "gentil
cachet".

Elle enchaîne avec "L'homme
à femmes", grâce à la coiffeuse qui fait parler
d'elle à Mel Ferrer.

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