Sa vie / Biographie / En perpétuel mouvement... (1999-2006)
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"Encore belle"
Le danger d'être statufiée
L'évolution de la vie

"Encore belle"

Catherine Deneuve au Festival de Cannes - photo Pro Photo

Ce mot "encore belle" je l'entends effectivement souvent, sans qu'il me paraisse injuste. On sent bien à travers lui que les gens pensent que je vais vers le bord "d'autre chose", vers le coucher de soleil, vers l'aube, ce qu'il faut accepter, on ne peut pas s'en extraire.

Il n'y a qu'une idée qui me paraît importante aujourd'hui et que je voudrais faire passer dans les interviews : ne croyez pas que je ne sais pas. Je sais, je vois, je me vois, je sais l'âge que j'ai, je suis présente, je suis lucide, je ne vis pas dans une tour d'ivoire, je me connais, je connais mon statut d'actrice, je ne suis pas sure que je saurai vivre toutes les situations qui m'attendent, je ne sais pas comment j'envisagerai ma vie dans quelques années, je sais tout ce qu'il y a de magnifique derrière moi, je sais à peu près ce qui reste devant moi, tout en espérant encore être surprise car j'ignore ce que je ferai dans cinq ou dix ans ou vers quoi je vais évoluer. Voilà.

C'est très difficile de vieillir. Pour une femme, c'est déjà difficile de vieillir dans la vie, mais pour une actrice, c'est effrayant de vieillir au cinéma. Après tout, je me dis qu'on a le droit de refuser les évidences, le racisme lié à l'âge et les idées toutes faites que la société tente de nous imposer. Ce qui me guide, dans le choix de mes rôles, c'est de rester en harmonie avec ce que je ressens.

[à propos des marques du temps]
Je ne refuse pas d'en parler mais c'est quelque chose de très intime, avec lequel on essaie de vivre. J'essaie de me mentir le moins possible, mais je sais que je peux mentir aux autres. Je sais qu'il y a des jours où je n'arrive pas à jouer complètement le jeu de ce que je devrais être, parce qu'il y a des moments dans la vie où on lutte encore et où on essaie encore. On a beau dire qu'on le sait, il n'empêche que c'est difficile de l'accepter. On résiste. Il y a des moments où l'on se sent beaucoup plus fort et où l'on se dit qu'il faut quand même bien accepter, que ce n'est pas si grave. Et c'est vrai qu'il y a des jours où ce n'est pas si grave, où l'on se sent soudain très léger en se disant que l'on peut aller vers ça. [...] Ce qui est terrible et cruel, c'est qu'on vieillit physiquement mais pas dans sa tête, ou très peu. On change mais on ne vieillit pas beaucoup, on a donc du mal à accepter parfois d'être devenu cette personne que l'on connaît, c'est vrai, alors qu'on ne se voit pas soi-même comme ça.

C'est une chose très difficile avec laquelle j'essaie de vivre le mieux possible. C'est un des grands problèmes des actrices, à un moment de leur vie. Une chose à laquelle on ne peut pas échapper, avec laquelle il faut vivre, et contre laquelle on ne cesse de lutter. Toutes les femmes qui disent que ce n'est pas un problème sont des menteuses. C'est encore plus douloureux pour les actrices, et ça l'est aussi pour les hommes. Le cinéma reste avant tout une chose visuelle. [...] Il faut bien reconnaître qu'à un moment, les rôles sont quand même beaucoup moins intéressants pour les actrices que pour les acteurs. Curieusement, on attribue l'âge de maturité à un homme vers la cinquantaine, ce qui est synonyme de complexité, de richesse du personnage. Alors que pour les femmes, il y a toujours cette idée de séduction.

J'y pense parce que la réalité se rappelle plus souvent à moi qu'il y a dix ans. Mais j'essaie de garder une sorte de cohérence, à mes yeux en tous les cas. C'est vrai qu'il m'est arrivé de refuser des rôles en disant que ce n'était pas raisonnable, que je n'avais pas l'âge du rôle. Il y a quinze ans, ça ne m'arrivait pas, mais ça m'est arrivé. Et j'espère que je garderai cette vigilance-là. Mais ce n'est pas si facile. Une fois qu'on a pris cette décision, on se sent supérieur, avec l'impression d'avoir dépasser le problème. Mais c'est toujours ambigu. On le fait, mais c'est quand même douloureux.

Ce qui m'importe avant tout, c'est d'être en harmonie avec mon âge mental, physique, et je ne ferais aucun effort démesuré pour courir après la gloire.

Le danger d'être statufiée

Catherine Deneuve remet un prix à Martin Scorsese aux Césars 2000

Je suis en danger. En grand danger d'être statufiée, de devenir une institution. [Rires...] Vous connaissez les clichés qui me collent à la peau "glaciale, distante, le feu sous la glace, taratati, taratata". C'est vrai qu'à travers les médias j'ai contribué à forger cette image de moi. J'en suis consciente.

J'ai un peu peur de me faire enfermer dans ce statut d'autant plus sournois qu'il est très confortable et facilite beaucoup de choses : être quelqu'un de reconnu, qu'on ne remet plus du tout en cause.

Je crois que je suis maintenant un peu hors norme, comme quelqu'un qui a survécu à tout, on ne sait pourquoi. Si bien que des cinéastes qui n'auraient pas eu envie de tourner avec moi il y a trente ans [...] peuvent en avoir l'idée maintenant, mais seulement maintenant... Je suis aujourd'hui une sorte de puzzle où chacun peut voir ou projeter quelque chose de différent. J'ai traversé plusieurs périodes du cinéma français.

Il y a un cliché que je ne supporte pas à mon sujet, c'est "la grande dame du cinéma français". Tout ça pour en arriver là ! Je ne veux pas être une dame, encore moins une grande.

L'évolution de la vie


On se trompe toujours sur la vie des gens célèbres. Les livres, les journaux ont tendance à romancer la vie des stars, à supprimer les aspects dérangeants ou les erreurs.

Il n'y aurait pas de bonheur, s'il n'y avait pas de regrets. Si c'était à refaire, je referais sans doute le même parcours. Bien sûr, j'ai des regrets. Comment ne pas en avoir ? Mais la vie, c'est aussi ça.

Je n'ai pas d'impatience mais je suis plus disponible depuis quelques années. Je ne suis pas "débarrassée" de mes enfants - on ne l'est jamais - mais je n'ai plus les contraintes matérielles de la vie avec eux. A regrets parfois. Mais je rêve à présent d'un repos bien mérité. Il me reste cette notion que les vacances sont là pour équilibrer des périodes de travail intense. Elles en sont d'autant plus grisantes.

Personnellement, j'irais sans doute mieux si je tournais un petit peu moins. C'est une exposition maximale et je ne m'en rends compte que quarante ans plus tard, après tous ces films. Je vis en cinéma. Certains jours, dans ce pays-là, je peux m'ennuyer ou carrément faire la gueule. Après, l'activité reprend. Quant aux éloges... Très tôt, je me suis protégée des compliments, j'ai plus de mal avec les vacheries. C'est une question de caractère. Ça me détruit à un point que vous ne pouvez pas imaginer. Parce que c'est toujours à côté, on attaque la personne privée, le physique. C'est pas parce qu'on s'expose qu'on doit être lapidé.

Je ne sais pas si c'est dû à la sophistication croissante des communications, mais j'ai l'impression autour de moi que tout s'accélère, que le temps se rétrécit et que l'impatience augmente. Il faut lire un scénario en deux jours, prendre sa décision en deux heures, changer d'avis en cinq minutes. Quand on est happé par cette spirale-là, forcément on en fait trop.

 

Catherine Deneuve au Festival de Cannes - photo Traverso
Catherine Deneuve au Festival de Berlin 2005 - Photo Fabrizio Bensch
Catherine Deneuve au Festival de Marrakech 2005

Pour plus d'informations sur les activités des années 1999-2005, voir les pages "Sorties" et la page "Actualité".


Depuis 1999, Catherine semble prise d'une boulimie de cinéma dont on ne se plaindra pas... Elle enchaîne premiers et seconds rôles, films d'auteur et films grand public, et accepte même de tourner pour la télévision ! Dans la presse, tout en préservant toujours le mystère sur sa vie privée, elle se livre de plus en plus sur des sujets néanmoins très personnels. Les journalistes l'interrogent avec perfidie sur le "vieillissement", mais sa beauté, son éclat et son rayonnement demeurent intacts.

Sorti en 1998, le film "Place Vendôme" qui lui a valu le Prix d'Interprétation à Venise, lui permet d'obtenir sa neuvième nomination aux Césars (1999).

Catherine Deneuve au Festival de Venise 1998

En 1999, Catherine Deneuve joue dans cinq films à l'affiche, allant de la comédie grand public ("Belle-maman") au film d'auteur intimiste ("Le vent de la nuit", présenté au Festival de Venise 1999), de la fresque épique sur le régime soviétique ("Est-ouest") à la redécouverte de Proust ("Le temps retrouvé"), en passant par l'OVNI "Pola X". Elle présente ces deux derniers films au Festival de Cannes en 1999.

Pour Lars Von Trier, elle incarne une ouvrière dans le sublime (et très controversé) mélodrame "Dancer in the Dark", qui obtient la Palme d'Or au Festival de Cannes (2000).

Son engagement contre la peine de mort se matérialise à plusieurs occasions, notamment en remettant solennellement à l'ambassade des Etats-Unis une pétition.

Mort de Roger Vadim (2000).

Catherine Deneuve vante les mérites d'un shampooing au régénium pour L'Oréal (2001).

Catherine Deneuve chante en direct "Ma plus belle histoire d'amour c'est vous" en hommage à Yves Saint Laurent, à l'occasion de ses adieux à la haute couture (2002).

L'ensemble des actrices de "Huit femmes" obtient un prix pour la meilleure contribution artistique au Festival de Berlin (2002).

En avril 2002, elle tourne une adaptation des "Liaisons dangereuses" pour la télévision avec Josée Dayan.

Après "Au plus près du paradis" fin 2002 et "Les temps qui changent" fin 2004, de beaux films qui connaissent un échec injustifié, Catherine Deneuve renoue fin 2005 avec le succès avec une comédie très réussie, "Palais Royal". Mais son meilleur rôle de ces dernières années est probablement celui de Marie Bonaparte dans "Princesse Marie", diffusé sur Arte.

Le Festival de Cannes lui rend hommage en 2005 en lui décernant une Palme d'Or d'honneur lors de sa Leçon d'Actrice.

Ses projets sont nombreux, variés, et excitants, et l'on dirait qu'elle n'a jamais été aussi active, dynamique et enthousiaste. Souhaitons-lui de continuer longtemps ainsi !



Documents associés
Césars 1999
Cannes 1999
Pola X
Le temps retrouvé
Belle-maman
Venise 1999
Le vent de la nuit
Est-ouest
Dancer in the dark
Cannes 2000

Peine de mort
Roger Vadim
Publicité
Chanson
Soirée Saint Laurent 2002
Cannes 2002
Télévision
Venise 2002
Toronto 2002
Huit femmes

Berlin 2002
Au plus près du paradis
Les liaisons dangereuses
Les temps qui changent
Princesse Marie
Cannes 2005
Marrakech 2005
Palais Royal