Sa vie / Famille / Chiara Mastroianni
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Ce qu'en a dit Catherine Deneuve...

Son enfance

Le cinéma n'est pas ma seule raison d'exister, heureusement ! Non, depuis plusieurs mois je n'ai pas travaillé et je n'en suis pas malheureuse. J'ai refusé de faire certaines choses et j'ai été ravie de m'occuper de mon bébé. Cela dit, je ne pourrais pas passer ma vie à la maison à m'occuper des enfants et à faire la bouffe. J'ai besoin de travailler et je n'imagine pas abandonner le cinéma. Mais je pense que le métier de comédienne n'est pas une entrave à une vie de mère. Le tout est de savoir allier les deux choses. Et jusqu'à maintenant j'ai eu la chance de réussir à faire aller les deux choses ensemble.
Catherine Deneuve, citée dans le livre de Françoise Gerber 1981

J'étais extrêmement jeune quand j'ai eu mon fils. Je n'ai peut-être pas alors mesuré toute l'importance de cette naissance. Pour ma fille, j'étais plus consciente, mieux préparée, l'ambiance était extraordinaire, l'atmosphère très familiale. C'est notre médecin de famille qui m'a accouchée. Un homme sensationnel pour qui j'ai une très grande admiration et en qui j'ai une confiance totale. Et puis, j'ai vu naître ma fille, ce qui n'avait pas été le cas pour mon premier bébé. Et ça, c'est la chose la plus fantastique du monde.

[A propos de la difficulté d'être une mère célibataire]
Ce n'est pas pour moi, vous le savez, un problème financier. Il s'agit évidemment d'autres choses : le patronyme, l'absence du père, la responsabilité de ce choix, mettre une unique signature au bas d'un carnet de notes, etc... Tous ces détails sont autant de problèmes pour l'enfant.

Dès l'âge de trois ans, Chiara m'a troublée énormément : je la voyais réfléchir, elle posait des questions, elle "réfléchissait"...

Je lui parle italien pour qu'elle n'oublie pas la langue de son père (Marcello Mastroianni), sinon elle parle français, à l'école comme à la maison. Quand je pars longtemps, je l'emmène, pour éviter un trop grand déchirement, mais depuis sa naissance, je lui ai toujours fait mener une vie très régulière.

Chiara a onze ans. Elle veut tout le temps être avec moi. Ça me fait un peu peur. Elle n'aime pas la compagnie des enfants de son âge. Elle préfère être seule avec moi.

Je me souviens d'une interview de Mel Brooks qui disait qu'étant enfant, il ne se souvenait pas d'avoir touché le sol tellement il allait de bras en bras. Moi aussi. Je pense que ma fille aussi. Son père l'adore. Il lui téléphone trois fois par semaine. Elle flotte. Le problème c'est qu'elle voudrait flotter toujours.

J'ai été attentive à l'éducation de mes enfants. J'ai fait sûrement des erreurs mais j'ai été attentive. J'ai essayé d'être un peu comme mes parents ont été avec moi.

Quand on a des enfants ou même un enfant, on est obligé de faire des efforts. Je crois qu'il faut faire des efforts, pas démesurés parce que si ça coûte trop, on craque, mais les enfants obligent par leur comportement, leur vie à eux, leur exigence, à ne pas se laisser aller, à ne pas s'écrouler.
Catherine Deneuve, Marie Claire 1984

Je ne fête pas les anniversaires, surtout pas les miens, ceux de mes enfants bien sûr, lorsqu'ils étaient petits, lorsque cela signifiait quelque chose, mais plus maintenant, ou du moins pas systématiquement.

J'essaie d'apprendre le goût du bonheur à mes enfants, c'est le plus important. Ca, et certaines lois, certaines règles de conduite.
Catherine Deneuve, Egoïste 1985

Les acteurs ont tendance à construire leur vie autour de ce qu'ils sont : on pense à soi tout le temps, on s'explique sur soi. Avoir des enfants force à s'occuper d'autre chose que de soi. C'est un métier où on peut tourner mal, surtout les actrices. Les problèmes du quotidien, d'école, de menu pour le dîner, m'ont fait du bien, m'ont aidée à garder un sens des hiérarchies, même si je ne me suis pas occupée de mes enfants en permanence.

Malgré les absences dues à mon métier, j'ai été présente, même loin à l'étranger, pour leur apprendre à s'interroger, à développer un esprit critique.

Aujourd'hui, j'ai une fille dont je ne parle pas trop pour ne pas la brimer. Mais c'est sûrement encombrant d'avoir une mère comme moi.

Je lui parle italien pour qu'elle n'oublie pas la langue de son père, sinon elle parle français, à l'école comme à la maison. Quand je pars longtemps, je l'emmène, pour éviter un trop grand déchirement, mais, depuis sa naissance, je lui ai toujours fait mener une vie très régulière.

Je n'aime pas beaucoup parler d'elle parce qu'elle va à l'école et que je n'ai pas envie de la déranger. C'est une adolescente, elle a quatorze ans, physiquement, elle est très latine, mais de tempérament, elle me ressemble... malheureusement. Si je vais la chercher à l'école, elle me demande que ce soit discrètement. Je comprends très bien, ce n'est pas marrant pour elle d'être la "fille de...". J'espère bien que, de sa part, c'est de l'orgueil.


J'ai dit à mes enfants que ce qui comptait, c'était son intime conviction. C'était le courage de dire ou de penser des choses personnelles, même si elles sont différentes des modèles et même pour une jeune fille. Pour tirer un bon parti de soi-même, il faut essayer d'être en accord avec ce que l'on est profondément. C'est très difficile pour des adolescents et pour tout le monde. Je crois que je me regarde avec assez de lucidité.

Mes enfants se rendent compte de la réalité. Ils ont été privilégiés, ils ont voyagé jeunes, ils ont été aimés, mais je ne pense pas qu'ils aient été faussés par le confort matériel dans lequel ils ont été élevés.

Il y a des choses sur lesquelles je suis très stricte. Mes enfants vous diront qu'ils n'ont jamais pu boire de Coca-Cola à la maison, ce n'est pas libéral ! Mais sur des signes extérieurs de reconnaissance, sur le vêtement, sur la coiffure, sur le style, je les laisse se trouver. C'est tellement difficile d'être un adolescent.

Les vacances d'été sont une habitude de jeunesse que j'ai perpétuée avec mes enfants. Je me suis toujours efforcée de les prendre avec eux durant les congés scolaires.

En tant que mère et actrice, j'ai été très attentive à la beauté de ma fille Chiara. Elle a une peau magnifique, incroyable, d'une blancheur du siècle dernier. Je l'ai toujours beaucoup protégée du soleil. En réalité, ce n'est pas une mère qui apprend à sa fille les gestes de beauté, mais une fille qui apprend en regardant sa mère... Je me souviens de nos complicités quand je me préparais... Je la revois toute petite perchée sur mes talons... Non, je n'aurais pas souhaité qu'elle me ressemble plus. Etre l'enfant de parents connus est déjà lourd à porter… Tout ce qui peut leur permettre d'être différents est une chance. Je suis très contente qu'elle ressemble à son père.

Sa carrière d'actrice


Je crois que de débuter avec moi devait la rassurer. Lorsqu'on a tourné ensemble les premières fois, elle m'a dit que de me voir en face d'elle et d'avoir mon regard la réconfortait. Comme si c'était à la fois le personnage qui était là et sa mère. Elle m'a dit que ça la protégeait. De quoi ? Je ne sais pas !

Je ne vais ni l'encourager a poursuivre, ni la décourager. Je ne pourrais lui dire de toute manière que ce que je pense par rapport à des choses que j'ai vécues, moi, mais qui ne seront forcément pas les mêmes que celles qu'elle va vivre, alors... En aucun cas, je ne chercherai à l'influencer. Chiara est quelqu'un qui a énormément de caractère. Ce n'est pas une influence qu'elle recherche, mais des explications. Elle veut comprendre avant tout.

Chiara a suivi des cours d'art dramatique mais André Téchiné est plutôt contre et je crois qu'il a raison. Elle a une force et une pureté qui, me semble-t-il, doivent être préservées, comme les pandas et les hippopotames.

Mes enfants étaient majeurs quand ils ont décidé de leur voie, mais je n'étais pas très favorable à leur choix. C'est un métier aléatoire et difficile. Je ne parle même pas de réussir, mais simplement d'arriver à travailler. Pour des jeunes de 20 ou 22 ans, garçons ou filles, c'est terrible de rester sans travail. S'ils ne sont pas très structurés sur le plan de leur organisation de vie, ils peuvent se retrouver paumés. [...] Il y a de plus en plus d'acteurs et d'actrices et de moins en moins de spectateurs dans les salles. On n'a plus le droit à l'insouciance.

Croyez que j'ai tout fait pour les en dissuader : surtout mon fils. Ma fille est comme moi, très cinéphile, et puis l'idée de jouer lui est venue. Je la trouve intéressante dans le film de Ruiz qu'elle a tourné avec son père.

Je ne peux pas dire que j'ai un regard sur ma fille, parce qu'elle ne m'est pas extérieure. J'ai vécu avec elle, c'est une génération que j'accompagne. Je vois, je sens et je comprends les différences. J'ai l'impression qu'ils vont vers une vie plus dure, mais aussi qu'ils sont plus armés que nous pour l'affronter.

On parle beaucoup de cinéma ensemble, de nos goûts, des films qu'on a vus... Chiara est très cinéphile et ça compte beaucoup pour elle. Elle a son avis et sa personnalité, aussi bien dans ses choix que dans ses discussions...

Chiara est quelqu'un de sensible, qui a un vrai point de vue sur le cinéma, qui connaît tout, qui est très structurée, elle m'épate...

Je trouve que Chiara est une fille courageuse. Elle est très gonflée dans ses choix. Ce qu'elle fait dans "A vendre" - qui est un film que j'aime vraiment beaucoup et où tous les comédiens, à commencer par Sandrine Kiberlain, sont formidables - est très difficile à jouer pour une jeune femme de son âge. Elle est à la fois triste et forte, très juste...

Bien sûr que je suis inquiète ! Parce que je connais ce milieu à fond. Je connais ses pièges, ses difficultés, ses tentations. Mais, encore une fois, le cheminement de mes deux enfants prouve que chacun suit sa propre logique, son propre rythme. Christian s'est plutôt orienté vers le théâtre, Chiara joue dans des films d'auteur : ils ont trouvé leur voie. Et même si on a toujours envie de protéger ses enfants, je me garde bien d'intervenir dans leur parcours.

Les parents voudraient toujours éviter à leurs enfants de souffrir. Je connais les pièges, les souffrances de ce métier, même si je sais que l'expérience de Chiara au cinéma ou celle de mon fils, qui joue en ce moment au théâtre n'ont rien à voir avec mon expérience. J'ai beaucoup vécu avec mes enfants, ils m'ont souvent accompagnée sur les tournages. Se consacrer uniquement à eux n'est pas sain non plus. Les parents doivent accompagner les enfants, et les enfants doivent accompagner leurs parents. On en veut toujours à ses parents, ils en font trop ou pas assez... On doit se débrouiller avec ça. Ensuite, on essaie de faire mieux avec ses propres enfants. De toute façon, on n'est jamais de bons parents.

Je trouve qu'elle travaille assez bien, mais c'est sûrement un peu lourd d'être ma fille. Ce soir, j'ai envie de dire : "Que mes enfants se débrouillent". Je serai toujours là si vraiment il y a des problèmes, parce que les parents sont toujours là. Avec Chiara, nous parlons beaucoup de cinéma ensemble, C'est drôle parce que les gens s'imaginent qu'il y a une rivalité latente entre nous alors que, ma fille et moi, nous sommes dans un rapport tellement fort, tellement fusionnel. Trop peut-être... Pendant la soirée des Césars, elle m'a appelée trois fois de Los Angeles. Non, nous ne sommes pas du tout dans un rapport de compétition et, s'il existe, c'est à un niveau d'inconscience tel qu'il m'est impossible de le formuler. Je suis vraiment la maman de ma fille, c'est tout.

Ca ne m'emballait pas du tout de voir mes deux enfants devenir acteurs, c'est très difficile pour les enfants d'acteur de réussir dans cette profession et d'y être heureux.
Catherine Deneuve, citée dans L'Est Républicain 2002

Je suis fataliste... On fonctionne beaucoup par imitation. Le cinéma, c'est très attractif quand on le voit à travers ses parents et que ça marche bien pour eux, c'est un miroir aux alouettes. Comme parent, je n'aurais pas imaginé ça : c'est un métier trop difficile, trop aléatoire. Un acteur qui ne tourne pas ne peut plus rien faire, ce n'est pas comme un écrivain qui n'est pas publié...

Parfois, il m'arrive de voir une photo d'elle dans un magazine, et je me dis : elle a changé, quelque chose en elle est différent. J'ai la liberté de penser : quelle belle jeune femme ! Et ce n'est plus ma fille. Ça m'émeut, et ça me trouble.

Sa vie

J'ai toujours aimé sa compagnie, et même maintenant, jeune adulte, j'adore sa compagnie. C'est ma fille, mais c'est quelqu'un aussi, c'est vraiment sa personnalité que j'aime.

Je suis très proche de ma fille. Mais elle a une personnalité à part. J'essaye de lire ce qu'elle va devenir, ce vers quoi elle va aller.

Nous allons au cinéma ensemble, nous parlons des films, des réalisateurs, des acteurs, de la profession. Elle a une personnalité très forte mais elle me demande des petits conseils.

Je me réjouis à l'idée d'être à nouveau entourée de très jeunes enfants. Leur omniprésence, leurs cris vous réchauffent le cœur, particulièrement au moment des fêtes de Noël. Ils vous insufflent un supplément de vie.

Là-dessus, j'ouvre encore moins la porte. Non pas parce que celle-là ouvre sur du froid, elle ouvre sur quelque chose de très chaud, tendre, merveilleux, mais parce que je respecte infiniment la manière farouche dont Chiara protège son enfant. Son enfant, c'est sa vie, et je fais tout pour l'aider.

J'adore les bébés. L'avantage d'être grand-mère, c'est que l'on n'a pas besoin de les éduquer. Ce sont surtout les bons moments que nous partageons, j'aime leur présence. J'ai envie de leur apporter de I'insouciance, de la gaieté. Ils ont la grâce, cette légèreté que les adultes n'ont plus. Si je peux leur transmettre quelque chose, c'est principalement une curiosité pour les choses de la vie. Petite, j'ai eu la chance de passer des vacances à la campagne. J'aimerais qu'ils découvrent à leur tour le goût pour la nature..

J'ai gardé Milo (20 mois), le fils de Chiara, pendant une semaine à la maison et c'était très amusant lorsque je le promenais : comme j'avais une relation très proche avec ce petit bout de chou, les gens devaient penser que c'était mon enfant. Je ne tricote pas pour lui mais je suis contente d'avoir ce petit bonhomme dans ma vie.

Ce qu'elle a dit sur Catherine Deneuve...


Il y a de grands bonheurs aussi à être des enfants de personnes connues.
Chiara Mastroianni, Paris-Match 1994

Maman, elle nous fait beaucoup rire. Papa, il fait souvent le guignol. Avec eux, j'ai bénéficié d'une belle ouverture sur les choses, sur la vie.
Chiara Mastroianni, Paris-Match 1994

J'ai de la chance de ne pas être une petite Deneuve. Si je lui ressemblais, quel enfer pour moi ! On m'aurait sans cesse vue à travers elle !
Chiara Mastroianni, Paris-Match 1994

Quand j'étais petite, ma mère me racontait toujours que les nouveaux-nés possédaient toute la connaissance du monde. Quelqu'un venait alors poser son doigt sur les lèvres du bébé, comme pour lui dire "chut". D'où ce petit creux que nous avons tous. C'est ce que je préfère en moi.
Chiara Mastroianni, Gala 1996

Etre l'enfant de gens connus est une chose très étrange. Il y a le regard des autres, alors qu'on n'a rien fait pour. J'ai eu conscience de ça assez tard, vers douze-treize ans, époque à laquelle on commençait à me montrer du doigt en disant : "Oh, t'as vu, c'est la fille de machin".
Chiara Mastroianni, Gala 1996

Ma mère n'était pas très chaude pour que je fasse ce métier. Pourtant, je me suis toujours sentie protégée par son regard. Le cinéma maintient chez les acteurs l'illusion qu'ils sont encore des enfants. Il a même parfois tendance à les infantiliser en les faisant évoluer hors des réalités. Ce métier n'a fait que renforcer mon lien filial même si penser à ma mère implique de prendre de la distance avec l'image publique.
Chiara Mastroianni, Source inconnue 1999

Fille de Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni

Née le 28 mai 1972 à Paris

Deux enfants : Milo né le 31 décembre 1996 et Anna née le 22 avril 2003.

Comédienne (première apparition au cinéma dans "A nous deux", premier vrai rôle dans "Ma saison préférée").

Films avec Catherine Deneuve

A nous deux (1979)

Ma saison préférée (1993)

Le temps retrouvé (1999)

Photos



Documents associés
Grands bouleversements 1965-74
Ma saison préférée
Cannes 1993